La collection de la Ville d’Anvers est une initiative dynamique qui vise à faire prendre conscience de la diversité de la scène artistique contemporaine de la cité portuaire. Reflétant l’esprit de la ville en mouvement, elle présente des œuvres d’artistes locaux et internationaux, aussi bien des talents émergents que des valeurs établies. Bienvenue!

Sam Druant

°1998
Lives in Antwerpen, BE
Lives in Göteborg, SE

Sam Druant : Rien n’est original

L’artiste belge Sam Druant a obtenu son diplôme dans le département textile de l’École Sint-Lucas de Gand. Elle réside et travaille actuellement à Göteborg. Son matériau préféré est la laine, avec laquelle elle réalise des tableaux textiles espiègles et ludiques teintés d’humour qui remettent en question et/ou ridiculisent la domination masculine. Par le biais de l’interaction entre la texture, la couleur et le sujet, elle engage la conversation sur l’identité, les désirs et la complexité de l’existence humaine. Elle crée des pièces qui se distinguent en abordant des sujets avec des insinuations et des questionnements pertinents à propos de la sexualité. Elle n’hésite pas à se montrer insolente ou provocatrice pour tricoter un univers subconscient avec ses fils et ses aiguilles. Elle est drôle, malicieuse, audacieuse, mais aussi surtout très intelligente, car une conception philosophique particulière se cache derrière son travail. 

Pour sa première exposition individuelle à Anvers, la presse commence son article par la citation « Rien n’est original » du réalisateur Jim Jarmusch. Il affirme ouvertement que nous devons dévorer les anciens films, les nouveaux films, la musique, les livres, les poèmes, les rêves, les conversations, les lumières et les ombres, « car l’originalité n’existe pas, alors que l’authenticité possède une valeur inestimable ». L’artiste part également du principe que nous devons internaliser tout ce que nous voyons, entendons, lisons et expérimentons (que ce soit positif ou négatif), car cela alimente notre esprit. Cette méthodologie de « gathering », la collecte d’inspiration issue de textes, d’images, de théories et de conversations se trouve aussi à la base de son travail. Chacune de ces sources, qu’elles soient bonnes, mauvaises, conscientes ou inconscientes, est stockée dans ce que l’artiste appelle son « draagtas » [sac de transport] et qui est considérablement rempli. Par le biais de son œuvre, elle offre un regard voyeuriste dans son imagination déroutante et insinuante. En récoltant les voix de nombreuses personnes et en les tissant ensemble pour former de nouvelles histoires ou situations, elle présente un aperçu rafraîchissant des histoires dominantes et des courants de pensée qui caractérisent notre société.

Le support textile est souvent considéré comme inférieur, car il est lié au travail féminin dans un environnement domestique. Mais d’un point de vue historique, un tapis mural raconte beaucoup de choses sur la personne qui l’a réalisée et sur les personnes pour qui il a été tissé. Le textile symbolise le rassemblement d’expériences, d’histoires et d’images par le biais du tissage pour former une nouvelle histoire. Et c’est ce que Sam Druant fait de manière particulièrement contemporaine et originale. Elle libère les sentiments et laisse les pensées se perdre par le biais d’un mot d’esprit qui reste dans la tête. 

L’artiste développe une critique féministe de manière ironique et espiègle à propos des histoires liées au genre qui sont ancrées dans la culture occidentale et du sexisme auquel les femmes sont encore confrontées aujourd’hui au quotidien. Elle essaie de réécrire l’histoire et la réalité en remettant en question et en remettant au goût du jour l’histoire dominante. Son œuvre a pour objectif de lancer le débat à propos de la manière avec laquelle les femmes sont perçues, du regard de l’homme et des contradictions hiérarchiques binaires dominantes.

 

HW