La collection de la Ville d’Anvers est une initiative dynamique qui vise à faire prendre conscience de la diversité de la scène artistique contemporaine de la cité portuaire. Reflétant l’esprit de la ville en mouvement, elle présente des œuvres d’artistes locaux et internationaux, aussi bien des talents émergents que des valeurs établies. Bienvenue!

Philippe Van Wolputte

°1982
Born in Antwerp, BE

Philippe Van Wolputte suit la formation Open Atelier à la Sint-Lucasschool d’Anvers entre 2002 et 2006 et vit de 2007 à 2010 à Amsterdam pour suivre une formation complémentaire à l’Académie royale des Beaux-Arts. Son œuvre plastique se compose essentiellement d’installations urbaines complétées avec des photographies, des vidéos et des sons. Ses reconstructions artificielles de caves, de voûtes, de chantiers de construction, de bâtiments en ruine et de catacombes (l’artiste les appelle des « grottes de ville ») sont le résultat de nombreuses années d’exploration urbaine dans le monde. La réflexion sous-jacente ne concerne pas vraiment la détérioration et le caractère éphémère, mais surtout l’incapacité humaine à autoriser et à accepter cette fugacité.   

Depuis 2013, Van Wolputte explore les sites urbains détériorés qui attendent d’être détruits et remplacés, car ils ne remplissent plus aucun rôle dans la hiérarchie économique. Sa fascination pour les sites oubliés et abandonnés est à l’origine de Temporary Penetrable Exhibition Spaces [Espaces d’exposition temporairement accessibles], un projet de 2005 sur lequel il a travaillé pendant dix ans. En 2015, il montre les sites oubliés de différentes villes au M HKA en les réaffectant comme reconstructions artistiques autonomes. Ce projet est l’un des principaux travaux de l’œuvre de l’artiste, qui essaie à chaque fois d’attirer l’attention d’une autre manière sur la rapidité exagérée avec laquelle les bâtiments vides sont condamnés et fermés au public. Les plans de rénovation radicaux mènent souvent à une fermeture de tout ce qui est inadéquat et qui ne respecte pas les règles habituelles. Chaque source de désordre doit immédiatement être anéantie et tout ce qui est susceptible de menacer l’ordre ou la raison doit être banni et condamné. Dans cette optique, l’organisation sous-jacente géographique et urbaine évolue en parallèle à l’exclusion mentale de tout ce qui est irrationnel, chaotique et déraisonnable. Certaines décisions hâtives de fermeture ou d’exclusion font malgré tout naître chez de nombreuses personnes un sentiment de désorientation et d’incertitude. La rapidité sociale semble favoriser la perte de tolérance et de sens durable.

Les actions et les reconstructions artistiques de l’artiste sont très variées. Il construit un tunnel de plusieurs mètres qu’il reproduit uniquement avec ses souvenirs en utilisant des restants de matériaux de construction. Il réalise une installation vidéo angoissante de couloirs étroits qui s’inspirent de l’architecture des catacombes de Paris et il compose une vidéo de Jakarta qui montre comment un camion roule dans la ville pour asperger les bâtiments détruits avec un canon à eau afin d’éviter la dispersion de particules fines. Les autres interventions sur site dans l’espace public sont des actions temporaires et de courte durée (souvent clandestines et/ou illégales) qui ne sont pas ou presque pas remarquées par les passants. En brouillant délibérément la frontière entre les faits et la fiction, le vrai et le faux, Philippe Van Wolputte crée des situations où la production et la documentation s’entremêlent. Elles reflètent ainsi la méthode compliquée avec laquelle nous utilisons les archives comme point de départ pour invoquer une réalité de l’histoire de l’art d’autrefois et bien souvent mythifier la nature de celle-ci.

Pour la création de ses « grottes urbaines », Van Wolputte utilise principalement des matériaux pauvres et simples qui sont disponibles à l’endroit de l’intervention. L’artiste crée ces endroits pour conserver et revivre le souvenir. Il s’agit de tentatives pour une fois de plus garder ce qui est ou a été détruit. Ses installations sont des témoignages d’un passé économique et des impressions ou des répliques du déclin de l’industrie. L’ambiance qui se dégage de ses installations est ainsi pertinemment effrayante.

HW