La collection de la Ville d’Anvers est une initiative dynamique qui vise à faire prendre conscience de la diversité de la scène artistique contemporaine de la cité portuaire. Reflétant l’esprit de la ville en mouvement, elle présente des œuvres d’artistes locaux et internationaux, aussi bien des talents émergents que des valeurs établies. Bienvenue!

Özge Akarsu

°1987
Born in , TR

Özge Akarsu a étudié le droit et la philosophie à Istanbul. Elle a ensuite déménagé en Belgique et a commencé une recherche de doctorat à propos de Spinoza et de la modernité à l’Université d’Anvers. Entre-temps, elle développé une fascination pour le monde cinématographique et a commencé des études de film d’animation à la KASK à Gand. Elle effectue pour le moment une recherche de doctorat au RITCS de Bruxelles.

Au début de sa carrière, Özge Akarsu s’inspirait beaucoup de la peintre turque Deniz Bilgin. Akarsu était notamment fascinée par la transposition de l’histoire et des observations sur les personnes et les endroits en langage visuel. Özge Akarsu puisait également son inspiration en dehors de l’art visuel. L’éthique de travail de l’écrivain Orhan Pamuk a par exemple toujours été une source d’inspiration pour elle, tout comme le groupe de musique britannique Radiohead. Akarsu prenait également comme modèle la forte affinité de Jean-Luc Godard avec le texte, la littérature et la philosophie. « Chaque scène de ses films semble avoir été construite comme une peinture, avec différentes couleurs et perspectives. Il faut tellement de courage pour réaliser cette prouesse ! »

Sur ses peintures et dans ses films d’animation, l’œil en lui-même, et par extension le regard, occupent une place essentielle. Les créatures humaines ou à moitié animales affichent souvent un regard triste et légèrement fragmenté qui fait penser aux portraits du cubisme. Lorsqu’elle évoque ce regard, Akarsu fait référence à la pression constante exercée sur son humeur.

« Ce poids est lié au fait que dans le pays où je suis née et où j’ai grandi, je ne me suis jamais sentie bien dans ma peau. Tout le monde est surveillé en permanence. On sent constamment un souffle dans notre cou. Si quelqu’un s’écarte du chemin qui lui est prédestiné, il devient une cible. Le système finit par vous discipliner et si vous refusez de l’accepter, vous entrez dans un monde de solitude où la lourdeur devient votre meilleur ami. Le système est créé par votre famille, vos voisins, les juges, les policiers, vos amis, etc. Partout et nulle part. La lecture, la philosophie et les études vous aident à aborder ce sentiment étrange et oppressif de différentes manières. Les médias m’ont également appris à mieux comprendre la situation dans laquelle je me trouvais, ou dans laquelle nous nous trouvions. »

Dans le film d’animation Being with the Other [Être avec l’autre] (2020), Özge Akarsu expose son interprétation de la notion de coessence du philosophe Jean-Luc Nancy. Une personne passe l’intégralité de son existence au milieu de l’existence des autres. Les individualités semblent indissociables de la collectivité.

Le documentaire expérimental Emine (2020) raconte l’histoire d’une lettre d’Emine Bulut, huit mois après qu’elle a été assassinée par son ex. Akarsu souhaite démontrer ici la puissance du regard collectif, surtout masculin, qui est fortement ancré dans le système judiciaire en Turquie. Le meurtre d’Emine Bulut était une réponse à une demande de divorce d’une relation non consentie par la femme. L’assassinat a été jugé plus ou moins légitime étant donné que la victime s’était écartée du chemin que la société avait tracé pour elle. Les auteurs des faits ne doivent pour leur part pas s’inquiéter d’être punis pour leurs crimes, car ils sont des hommes.

Dans Territorium (2019), Akarsu joue avec l’idée de retour à la simplicité de la nature, qui devient de plus en plus populaire. Le film d’animation pose la question suivante : que se passerait-il vraiment si la nature sauvage envahissait votre zone de confort ?

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