La collection de la Ville d’Anvers est une initiative dynamique qui vise à faire prendre conscience de la diversité de la scène artistique contemporaine de la cité portuaire. Reflétant l’esprit de la ville en mouvement, elle présente des œuvres d’artistes locaux et internationaux, aussi bien des talents émergents que des valeurs établies. Bienvenue!

Leendert van Accoleyen

°1991
Born in Aalst, BE
Lives in Antwerpen, BE

Leendert van Accoleyen: construire pour la liberté

L’artiste plasticien belge Leendert van Accoleyen est un étrange personnage de l’art contemporain, car il trouve des manières excentriques et parfois acrobatiques de traiter les sites spatiaux, la nature et les imperfections sociales. Il étudie à la fois la sculpture et les beaux-arts à la Sint-Lucas de Gand, la percussion au Conservatoire d’Anvers et il obtient ensuite son BA et MA à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers. Bien qu’il finisse ses études d’artiste plasticien avec grande distinction, il se montre particulièrement humble dans la pratique artistique contemporaine. Il s’exprime dans des champs, des prairies et des sites urbains où il réalise des actions utopiques de maçon, d’ouvrier du bâtiment, de monteur de tente ou de déménageur d’arbres. Un vent de fraîcheur à travers le paysage artistique.

Leendert van Accoleyen vise toujours l’impossible dans son œuvre. Il défie la force de gravité avec des constructions où il place des poutres, des planches et d’autres objets lourds et de grande taille dans le ciel. Il a par exemple installé une tente militaire au-dessus d’une construction de quinze mètres de haut avec des tiges d’acier. Il fait toujours uniquement appel à la force humaine, aucune grue ou nacelle élévatrice n’est utilisée. Dans un autre projet, l’artiste essaie de redonner une nouvelle vie et de rendre sa liberté à un arbre déraciné par le vent (qui est abattu des racines à la cime). Bien que le géant déchu évoque des idées liées à la chute et à la fin de la vie, l’artiste fait (presque) l’impossible pour remettre l’arbre en place et même l’équiper de roues. Il essaie tant bien que mal de donner tout son cœur pour donner une deuxième vie à cet arbre, qui peut finalement faire encore plus que ce qu’il n’a jamais fait : se déplacer, partir à l’aventure et retrouver sa liberté.

En 2019, van Accoleyen a réalisé un projet avec le M HKA dans l’espace INBOX à l’occasion de son obtention du prix Hugo Roelandt. L’œuvre qui remplit la pièce qu’il a alors présentée était un champ de pavés, où chaque pavé était soulevé du sol avec un piquet en bois. L’artiste utilise toujours uniquement la force humaine pour ce type de réalisations, tous ses éléments de fixation et actions sont toujours visibles dans le travail, il ne cherche pas à cacher les matériaux ou les techniques. Dans le texte d’accompagnement, Johan Pas qualifie l’artiste de « luis in de pels » (épine dans le pied). « Lorsque j’ai vu son œuvre pour la première fois à la suite d’une évaluation intermédiaire dans l’atelier de sculpture, cela m’a fait penser aux antimachines bruyantes de Jean Tinguely. Je pense me rappeler que Leendert ne connaissait (presque) rien à propos de Tinguely à cette époque. Cela ne m’a pas surpris, car Leendert n’appréciait pas réellement assister à mes cours “d’art contemporain : néo-avant-garde”. » 

La pratique de Van Accoleyen fait appel à une multitude de médias, incluant notamment la sculpture, l’installation et la performance. Il utilise avant tout des matériaux trouvés et des objets hors d’usage dans son travail. Ses œuvres prennent souvent la forme de structures fonctionnelles, comme des refuges et des ateliers. En 2022, il commence ainsi à chercher une solution urbaine pour des abris sûrs dans l’espace public pour ceux qui en ont besoin. La forme la plus inhabituelle qu’il découvre se trouve sur des chantiers de construction dans l’espace public. Pour fournir des abris viables, il imagine un « déguisement » artisanal et artistique sous la forme de palettes empilées avec des briques, qu’il « falsifie » dans son atelier en les transformant en modèles et en moules creux à l’intérieur. De cette manière, il obtient des espaces déguisés inoffensifs qui permettent d’y habiter et de dormir. Cette idée est à l’origine de l’exposition Voor Dragend En Niet Dragend Metselwerk [Pour la maçonnerie porteuse et non porteuse] qu’il a réalisée en 2022. La forme de l’abri est imaginée en tenant compte de la fonctionnalité, du confort et de la possibilité de fermeture. La sculpture de briques est sociale, radicale et utopique. Elle doit être vue comme une antithèse de la supposée « architecture hostile » – une architecture dont l’objectif est de rendre les potentiels abris et lieux pour dormir inhabitables.

Étonnamment, Leendert van Accoleyen choisit toujours des petits événements fragiles pour expliquer en quoi consiste son œuvre visionnaire. Un jour, il a analysé une abeille qui allait de fleur en fleur. L’abeille atterrissait à chaque fois sur une tige oscillante et devait trouver son équilibre. Lorsqu’elle s’envolait, la tige se redressait et la fleur se remettait en position droite. C’est cette énergie qui se retrouve dans l’œuvre de l’artiste. Il documente sa pratique artistique avec des photographies et des enregistrements de ses actions et ses œuvres de maçonnerie utopiques.

HW