Moataz Alqaissy
Moataz Alqaissy : gloire contemporaine fanée Le plasticien irakien Moataz Alqaissy (Bagdad, °1986) vit à Anvers depuis 2009, où il étudie la peinture et les arts visuels à l'Université des Sciences Appliquées AP entre 2019 et 2021. Son travail visuel abstrait consiste principalement en assemblages de couches de tissu, de lin, de coton ou de bâche, qu'il colle, déforme, coud chirurgicalement ensemble, barbouille ou cloue au hasard au mur. En utilisant des matériaux grossiers tels que de la peinture pour bois, du mastic, des câbles et des clous, il libère la toile de son statut d'élite classique, mais en même temps aussi de son statut de matériau jetable subordonné. En mélangeant toile et liant, il sculpte des œuvres au ton brut et violent.
Alqaissy trouve son inspiration dans des domaines divers, de l'histoire de l'art aux civilisations anciennes ou aux souvenirs d'enfance de Bagdad, la ville radicalement remodelée par de graves événements sociopolitiques. Depuis son séjour en Belgique, il étudie la relation entre identité et localisation ; comment un espace affecte un corps ou comment l'espace peut être enfermé dans une œuvre d'art. Sa manipulation matérielle des composants du tableau ouvre une fenêtre par laquelle d'autres sujets se glissent. Les souvenirs de sa jeunesse et ses expériences de guerre et de destruction ont laissé des traces et se reflètent dans le démontage du tableau. De par ses origines, son travail oscille entre deux cultures extrêmement différentes. Ses toiles monochromes se caractérisent par leurs couleurs effacées ou décolorées qui témoignent d'un passé gris persistant dans la tradition et la mémoire personnelle. En tout cas, ils ont perdu tout éclat. Dans une interview, Alqaissy déclare : « Une ville comme Bagdad était un monument, mais ce qu'il en reste est une ville fouillée qui raconte l'histoire d'un riche passé. La ville est désormais momifiée. C'est une ville « morte-vivante » : elle existe mais elle n'est pas vivante. La caractéristique des peintures de Moataz Alqaissy est que d'une part elles se rapportent aux canons de la peinture classique et d'autre part elles s'en éloignent. Comme ses prédécesseurs, il s'efforce de créer davantage d'interactions entre le peintre, le spectateur et la peinture en donnant littéralement à la toile une place dans l'espace. En tant qu'élément principal, la toile doit être souple et malléable et, en tant que telle, mettre davantage l'accent sur le processus artistique que sur le résultat. La perspective internationale particulière qui se dégage de son travail, avec une attention portée au passé lointain et aux traumatismes du passé récent, s'intègre parfaitement dans la politique de collection du M HKA, qui vise à mettre en lumière différentes positions et perspectives au sein du monde multipolaire contemporain viens.
HW