Marcel Broodthaers
Portrait de Maria Gilissen avec Statif, 1967
« En 1963 Broodthaers est prêt à franchir le pas de la poésie/photographie vers les arts plastiques, dans lesquels l’objet fait face à la photographie et la remplace en partie. Aussi bien pour les ready-mades que pour les photographies, l’artiste est dépendant d’objets existants. Broodthaers établit un lien explicite entre le ready-made et la photographie dans Portrait de Maria avec Statif (1967), une photographie réfléchie, agrandie, et imprimée sur toile de Maria Gilissen tenant un appareil photo, qu’il combine avec un authentique trépied. Mais de même que Broodthaers s’intéresse à la photographie subjective qui tente de contenir la prépondérance de l’objet et d’accroître l’apport de l’artiste, ses objets ne tendent pas à « l’indifférence » à laquelle Duchamp affirmait aspirer – même s’il ne s’agissait pas non plus de créations autonomes de l’artiste génial, mais plutôt du résultat d’un conflit entre l’artiste et le monde existant des objets, des codes et des institutions. »
Sven Lütticken, Dans : De Witte Raaf, Marcel Broodthaers, Editie 107, janvier - février 2004